Marx 21.ch — Document d’orientation

par | 9 Déc. 2025 | Marxisme, Théorie

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Le samedi 6 décembre, l'association marxlux.ch/ a tenu son assemblée générale constitutive à Lausanne, elle s'est donné des statuts, a élu son comité et a adopté le document d'orientation ci-dessous :

 

Marx 21 – Le marxisme vivant

Document d’orientation

« L’esprit critique, la théorie révolutionnaire et la liberté de discussion sont le souffle vital du mouvement ouvrier » (Rosa Luxemburg)

Nous vivons des temps difficiles. 177 ans après la publication du Manifeste du parti communiste de Marx et Engels, les idées qu’ils défendaient n’inspirent plus aucun mouvement d’envergure, alors que le capitalisme précipite l’humanité dans une crise écologique, économique, sociale et politique d’une profondeur extrême.

C’est pourquoi, aujourd’hui, l’une des tâches des marxistes consiste à relancer le combat sur le front des idées. Nous avons en effet accumulé un retard préoccupant sur l’analyse des développements du capitalisme contemporain, si bien que nous recourrons trop souvent à des analogies avec le passé pour caractériser le présent.

En effet, la longue histoire du combat des personnes soumises à l’esclavage, au servage, des journaliers, des paysans, des ouvriers, femmes et hommes, ainsi que des peuples opprimés contre toutes formes d’exploitation et d’oppression, pour l’égalité des conditions et des droits des femmes et des hommes, se poursuit.

Nous nous réclamons de l’auto-émancipation, du socialisme par en bas, du féminisme et de l’internationalisme. L’humanité doit en effet prendre en charge consciemment et démocratiquement son destin, sortir des centaines de millions d’êtres humains de la misère, bâtir une société égalitaire et renoncer au productivisme pour développer des relations équilibrées avec son environnement.

Nous sommes persuadés que le seul sujet social capable de rompre aujourd’hui avec l’exploitation des deux sources de toute richesse, le travail humain et la nature, c’est la foule immense de celles et ceux qui sont contraints de vendre la force de leurs bras, l’habileté de leurs mains et le génie de leurs cerveaux pour vivre.

En même temps, la mise en cause de l’exploitation capitaliste est inconcevable sans un combat de chaque instant contre la surexploitation et les différentes formes d’oppression liées à la race, à la religion, à la nationalité, à l’âge, à la qualification, au fait d’avoir été assigné à un sexe à la naissance, à l’orientation sexuelle, à l’identité de genre, etc.

Tout ceci est inconcevable sans le renversement de la domination impérialiste par les peuples des nations opprimées, qui ont subi et subissent des formes particulièrement brutales d’expropriation, de travail forcé, d’oppression coloniale ou néocoloniale et de mise en coupe réglée de leurs ressources naturelles. Nous rejetons toute lecture qui réduit la lutte des classes au niveau international à l’affrontement entre le camp « occidental » d’une part, et le camp « anti-impérialiste » de l’autre. Notre internationalisme s’inscrit dans la défense du droit des peuples à l’autodétermination et à l’émancipation.

Contre les tendances autoritaires du capitalisme, nous défendons les conquêtes démocratiques des luttes populaires et féministes — liberté de pensée, de parole, d’association, droits politiques sans distinction de nationalité, droit de grève — et revendiquons leur extension.

« Seule une vie bouillonnante, absolument libre, s’engage dans milles formes et improvisations nouvelles, reçoit une force créatrice, corrige elle-même ses propres fautes », écrivait Rosa Luxemburg, en 1918. Elle est indispensable à la construction du socialisme, et pour cela, doit être promue, dès aujourd’hui, dans le développement et l’animation des luttes sociales.

Il ne s’agit pas fondamentalement de plaider pour une redistribution moins inégalitaire des richesses, comme le préconisent de larges secteurs de la gauche, mais de remettre en cause la propriété privée des grands moyens de production, de crédit, de distribution, de transport et de communication, de même que l’exploitation du travail salarié et des peuples dominés.

Or, comme l’écrivait le révolutionnaire russe, Dimitri Pissarev, dans les années 1860 : « Le désaccord entre le rêve et la réalité n’a rien de nocif, si toutefois l’homme qui rêve croit sérieusement à son rêve, s’il observe attentivement la vie, compare ses observations à ses châteaux en Espagne et, d’une façon générale, travaille consciencieusement à la réalisation de son rêve. Lorsqu’il y a contact entre le rêve et la vie, tout est pour le mieux. »

Le collectif Marx21 n’entend pas créer une nouvelle organisation politique. Il vise à tisser des liens entre les marxistes de Suisse et les personnes qui s’intéressent à ce courant de pensée, indépendamment de leur parcours militant, dans le but de partager des analyses et de débattre des questions que le 21e siècle pose aux partisans du socialisme :

  • Quelles sont les mutations en cours du capitalisme et du travail ?
  • Comment appréhender les dynamiques conflictuelles du système impérialiste mondial ?
  • Comment comprendre l’essor des droites autoritaires ?
  • Comment répondre au retour en force du militarisme et de la guerre ?
  • Comment articuler les luttes contre l’exploitation avec celles contre les différentes formes d’oppression ? Concrètement, comment renforcer le combat antiraciste et féministe en le liant plus étroitement à celui contre l’exploitation du travail ?
  • Comment répondre à l’urgence écologique ? etc.

La Suisse est la 8e puissance économique européenne et la première, en termes de PIB par habitant (si l’on excepte les micro-États comme le Luxembourg, le Lichtenstein ou Monaco). Notre collectif vise aussi à faire connaître les analyses marxistes sur l’histoire de la Suisse, sur ses spécificités économiques, sociales et politiques, et à relancer la réflexion sur leurs évolutions les plus récentes.

Notre site internet, marxlux.ch/, vise à mettre à disposition des articles, des textes de référence, des livres, des archives, un choix de capsules vidéo et de podcasts, mais aussi à organiser des conférences publiques, des stages et des programmes de formation.